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La GUERRE au XXe siècle - classe de première

l’Europe, un espace marque par deux conflits mondiaux

 

Dans la 1ère moitié du XXe siècle, l’Europe fait l’expérience, à 20 ans d’intervalle, des 2 conflits les plus violents et les plus meurtriers de l’histoire de l’humanité. Par le jeu des alliances et l’étendue des empires coloniaux bâtis par les grandes puissances européennes, ces conflits débordent le cadre du « vieux continent » pour entrainer l’ensemble du monde dans deux épreuves sans précédent.

Les deux guerres mondiales sont deux guerres « totales », dans la mesure où elles mobilisent l’ensemble des forces humaines (militaires et civiles), matérielles et économiques des belligérants. Ce sont deux guerres particulièrement « brutales » qui mettent au service de la destruction les capacités d’invention et d’innovation révélées par les révolutions industrielles (production de masse, révolution des transports, recherche scientifique).

Les deux guerres mondiales ont profondément modifié l’organisation géopolitique de l’espace européen. L’Europe sort détruite et affaiblie d’une période où se sont affrontées sur son territoire, avec une extrême violence, des armées de masse et des idéologies antagonistes. La 1ère Guerre mondiale peut être considérée comme un affrontement de puissances, aboutissement des nationalismes du XIXe siècle. La seconde met aux prises des projets politiques radicalement différents: les régimes totalitaires cherchent à imposer une logique d’exclusion de l’autre alors que les démocraties libérales défendent un modèle de société reposant sur l’affirmation de l’égalité des droits et la garantie des libertés individuelles et collectives. Le communisme soviétique constitue un cas complexe : en dépit de son incarnation politique dans un régime totalitaire, il se réclame de l’égalité individuelle et des libertés collectives et est une clef majeure de la défaite allemande en 1945.

 

 

I La « Grande guerre » : la fin d’un monde (1914-1918).

 

A)    D’une guerre européenne à la guerre mondiale.

 

ü  La « Grande guerre » oppose d’abord 2 coalitions : la « Triple entente » (France, Russie, RU) contre la Triple alliance ou « Triplice » (Empire Allemand, Empire austro-hongrois et Royaume d’Italie, qui la quitte en avril 1915).

ü  Les combats se déroulent principalement en Europe, méditerranée et Atlantique. Mais elle est mondiale car elle se prolonge dans les empires coloniaux des puissances européennes, qui par ailleurs mobilisent des troupes issues des peuples colonisés (ex : tirailleurs sénégalais, combattants du Maghreb, poilus polynésiens), et parce qu’elle est marquée par l’entrée en guerre des États-Unis en avril 1917, qui pallient le retrait de la Russie, suite à la révolution (traité de Brest-Litovsk: armistice germano-russe du 15 décembre 1917).

 

B)    Une guerre totale.

 

ü  Une « économie de guerre » est mise en place dans les pays belligérants, marquée par un dirigisme de l’État. Les outils de production sont utilisés pour produire des armes.

ü  Les femmes sont enrôlées dans les industries (ex. : « munitionnettes »), pallient l’absence de leurs maris dans les campagnes, tout en devant remplir leurs rôles de mères.

ü  L’information est contrôlée. Les journaux sont censurés et le « bourrage de crâne » diabolise l’adversaire. Les courriers entre les « poilus » au front et leur famille à « l’arrière » sont souvent interceptées et lus ; les colis sont ouverts.

ü  La guerre a un coût, financé par l’impôt et des emprunts, nationaux ou contractés auprès de puissances étrangères.

 

C)    L’enfer du front.

 

ü  Après une première phase de « guerre de mouvement » (1914), le conflit tourne à la « guerre de position ». Les lignes de front se stabilisent ; c’est la guerre des « tranchées ».

ü  Les soldats sont confrontés à des conditions de vie effroyables (boue, froid, manque d’hygiène, fatigue, promiscuité, forte mortalité, hantise des bombardements et de l’utilisation d’armes nouvelles, angoisse de l’assaut).

ü  Les batailles sont particulièrement meurtrières. En 1916, la bataille de la Somme, une des plus meurtrières de l’histoire de l’humanité, coûte la vie à 1 million de soldats en 140 jours ; Verdun fait plus de 300 000 victimes (163 000 soldats français et 143 000 allemands) en 300 jours.

ü  La violence prend une forme nouvelle, en partie à cause des progrès réalisés dans l’armement (gaz, lance-flamme, mitrailleuses, mines, apparition des blindés, débuts de l’aviation dont l’impact est pour l’instant limité).

 

D)    Les populations civiles touchées.

 

Les populations des territoires occupés sont victimes de crimes de guerre (déportation, camps de détention, génocide des Arméniens par les Turcs en 1915-1916). Les restrictions alimentaires affaiblissent femmes, enfants et personnes âgées. Le moral fléchit en 1916 et, en 1917, des grèves éclatent, signe de la lassitude des peuples.

 

E)     Le traumatisme de la « Grande guerre ».

 

ü  74 millions d’hommes ont été mobilisés au total. Les grandes puissances ont aligné des effectifs sans précédent.

ü  La Grande Guerre a fait 9 à 10 millions de morts: ce sont surtout des hommes jeunes (60 % ont entre 20 et 30 ans et 12 % moins de 20 ans). L’épidémie de grippe espagnole qui a touché tous les fronts entre l’été 1918 et le printemps 1919 a également tué un million de soldats.

ü  Pour la France seule : 1400000 morts et disparus soit 3,54% de la population.

ü  L'importance des pertes humaines s'explique par la durée du conflit et des batailles, par la puissance de feu mise en œuvre. Le bilan a des conséquences économiques lourdes : pensions aux invalides, aux veuves et aux orphelins. Les conséquences démographiques sont importantes : déséquilibre numérique entre hommes et femmes, déficit des naissances (enfants qui auraient dû naître en temps de paix) qui engendre un phénomène de classes creuses sur la pyramide des âges et un vieillissement de la population particulièrement sensible en France.

ü  La guerre est inscrite dans les paysages des départements du nord et de la Picardie; s’invite dans chaque village par le biais du « monument aux morts » qui rend hommage aux enfants du pays morts au combat.

 

Et pourtant, 20 ans plus tard, la guerre recommence.

 

 

II D’une guerre à l’autre : la montée des totalitarismes.

 

A)    Un nouvel ordre international se dessine.

 

·        Amorce d’un « déclin » de l’Europe (régions dévastées, endettement, perte de crédibilité morale) au profit des « pays neufs » et surtout de deux géants en gestation : l’URSS (1922) et les États-Unis.

·        La menace révolutionnaire, dans la foulée de la révolution de 1917 en Russie, se précise.

·        Des empires multiséculaires disparaissent (Autriche-Hongrie, Ottoman) tandis que le principe du droit des peuples à se gouverner eux-mêmes tend à triompher.

 

B)    Une paix manquée.

 

La carte de l’Europe est modifiée par les traités de paix (surtout le traité de Versailles – 28 juin 1919). Les empires allemand, austro-hongrois, ottoman disparaissent au profit de nouveaux États comme la Pologne, la Tchécoslovaquie. La France récupère l’Alsace-Lorraine. La paix de Versailles engendre des frustrations chez les vaincus comme l'Allemagne, jugée seule responsable de la guerre, qui doit payer de fortes réparations, supporter des atteintes à sa souveraineté (abolition du service militaire) et une occupation partielle de son territoire (Rives du Rhin, Ruhr), mais aussi chez les vainqueurs comme l'Italie qui n'obtient pas tous les territoires revendiqués. Ces insatisfactions sont des facteurs d’instabilité pour l’avenir (couloir de Dantzig, sort des populations germanophones de Tchécoslovaquie par ex.).

 

C)    L’espoir d’une codification des relations internationales.

 

Une Société des Nations (qui siège à Genève) est créée pour prévenir de nouveaux conflits. Elle s’inspire des points défendus en 1919 par le président des EU Wilson et des travaux effectués lors des Conférences de La Haye de 1899 et 1907. Mais la SDN ne possède pas de « directoire » ni de force militaire de dissuasion. Elle est tributaire de la « bonne volonté » des administrations des Etats.

La guerre engendre un mouvement pacifiste porteur d'un grand espoir incarné dans « l'esprit de Genève » et le rêve d'une Europe construite sur la paix entre les peuples, mais également par les associations d'anciens combattants. En France, elles entretiennent le souvenir des morts au combat et dénoncent l’absurdité de la guerre.

 

D)    Une brutalité croissante des sociétés européennes.

 

Des dictatures d’un type nouveau apparaissent au lendemain de la 1ère guerre mondiale. Le totalitarisme désigne une pratique d’encadrement de la société au sein de structures qui ont pour objet de « transformer l’homme » en le modelant sur l’objectif idéologique que s’assigne le régime l’exaltation de l’État, la prédominance de la race aryenne (nazisme) ou la société sans classes dans un système de propriété collective (URSS). Les régimes fascistes et le communisme stalinien sont différents, voire opposés par leur niveau économique, leur évolution sociale, leur culture politique, les forces sur lesquelles ils s’appuient, les buts qu’ils poursuivent. Les méthodes tendent au même but : donner à la masse de la population une volonté collective, absorber l’homme sous tous ses aspects dans le tout idéologique (national, racial ou social), faire en sorte que ses idées politiques et son rôle social, sa vie professionnelle et familiale, ses croyances et ses valeurs, ses goûts esthétiques, soient mis au service de l’idéologie d’État, d’une entreprise collective (expansionnisme, impérialisme).Les frustrations nées du règlement de la guerre puis la crise des années 30 profitent à l’autoritarisme.

 

 

III La seconde guerre mondiale (1939-1945).

 

A)    Pourquoi une guerre « mondiale » ?

 

Le conflit est mondial par le jeu des empires coloniaux et des alliances et par l’entrée en guerre des EU suite à l’attaque de Pearl Harbour par les Japonais le 7 décembre 1941.

La guerre se déroule sur 2 théâtres principaux : Europe et Pacifique.

 

B)    Grandes phases du conflit.

 

ü  1939-1942 : l’avantage va aux forces de « l’Axe » (Allemagne, Japon). L’Allemagne conquiert l’Europe à l’exception du Royaume-Uni et se tourne contre l’URSS en juin 1941 (opération Barbarosa).

ü  1942-1943 : tournant de la guerre en Europe (les Allemands perdent la bataille de Stalingrad en février 1943, tandis que les Américains prennent l’île de Guadalcanal aux Japonais et entament la reconquête du Pacifique).

ü  1943-1945 : le sort des armes bascule en faveur des alliés (6 juin 1944 : D-Day ; libération de Paris le 25 août 1944).

 

C)    Une escalade dans l’échelle de la violence.

 

La 2nde guerre mondiale est une guerre totale, d’autant plus féroce qu’elle revêt une dimension idéologique : les alliés combattent les totalitarismes au nom de la liberté et de la démocratie. La violence et la volonté d’anéantissement de l’ennemi sont extrêmes.

 

Les Européens payent un lourd tribut à la guerre. Le nombre des victimes est cinq fois plus élevé lors de la 2nde Guerre mondiale. Les civils connaissent l’invasion, la retraite, l’exode, l’occupation. Les bombardements altèrent les distinctions spatiales entre espace de combat et espace civil (Ex : bombardements de Londres par les Nazis, de Rouen par les alliés, ou Hiroshima par « Enola gay » : nom de l'avion Boeing B-29 Superfortress qui largua, le 6 août 1945, la première Bombe A).

Le nazisme développe une conception raciste de l’humanité et passe par la mise en œuvre sans précédent d’une logique industrielle de meurtre systématique. Les deux guerres génèrent des crimes contre l’humanité définis dans l’article 6 des Statuts du tribunal de Nuremberg (1946). Auschwitz (Oswiecim, Pologne) constitue le symbole de l’extermination des Juifs d’Europe et du système concentrationnaire nazi. Plus grand complexe (« usine de la mort ») construit durant la 2nde Guerre mondiale par le IIIe Reich, il se compose d’un camp de travail, d’un camp de concentration (depuis juin 1940 - ancienne caserne dans le centre de la bourgade, où l’on peut lire l’inscription « arbeit macht frei ») et d’un camp d’extermination où sont morts plus de un million de Juifs et de Tsiganes acheminés depuis toute l’Europe.

La conférence de Wannsee (20 janvier 1942) constitue un tournant dans la politique nazie à l’égard des juifs : elle définit la « solution finale » (élimination organisée et systématique des Juifs d’Europe) et orchestre sa mise en œuvre.. Auschwitz devient un instrument majeur de la politique d’extermination des Juifs d’Europe à partir du printemps 1942 avec la construction du plus grand centre de mise à mort (Auschwitz II-Birkenau, à l’écart de la bourgade). L’étude permet de revenir sur la définition du vocabulaire (camps de concentration, camps d’extermination, chambres à gaz, crématoires).

 

D)    Traumatismes.

 

Le mot génocide a été créé en 1944 par Raphaël Lemkin, professeur de droit international à l’université de Yale, pour qualifier « le crime sans nom » (W. Churchill) perpétré par l’Allemagne nazie. Le mot est composé à partir du grec genos (peuple, race, espèce) et du suffixe latin -cide (de caedere, tuer). Utilisé pour la première fois en 1945 par le tribunal de Nuremberg, il est défini sur le plan juridique par l’Assemblée générale de l’ONU en 1946.

 

Selon l’ONU trois conditions sont nécessaires pour qu’on puisse parler de génocide :

– les victimes font partie d’un « groupe national, ethnique, racial ou religieux » ;

– les membres de ce groupe sont tués ou persécutés pour leur appartenance à ce groupe, quels que soient les moyens mis en œuvre pour atteindre ce but ;

– le génocide est un crime collectif intentionnel, planifié, commis par les détenteurs du pouvoir de l’État, en leur nom ou avec leur consentement exprès ou tacite.

 

Les 6 et 9 août 1945, deux bombes atomiques américaines, aboutissement du « projet Manhattan » détruisent respectivement les villes de Hiroshima et Nagasaki. Le monde entre dans une nouvelle ère, où l’autodestruction de l’homme, impensable jusqu’alors, devient possible.

 

La Seconde Guerre mondiale est le conflit le plus meurtrier de tous les temps (environ 50 millions de morts). L'URSS totalise à elle seule 21 millions de morts (plus de 12% de sa population).Les pays d'Europe de l'ouest et les États-Unis sont moins touchés. Les Français sont plus de 600.000 à être morts pendant la guerre (soit 1,5% de la population totale de 1939). C'est 6 fois moins que les morts français de la Première Guerre mondiale.

Les civils représentent plus de la moitié des pertes humaines totales : bombardements, crimes de guerre, crimes contre l'humanité.

 

 

Quelques oeuvres cinématographiques :

Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, 1958 [1914-1918],

Le Jour le plus long, 1962, film de Ken Annakin,

Week end à Zuidcotte d’Henri Verneuil, 1964,

Stalingrad de Jean-Jacques Annaud, 2002 [1939-1945]

Le Crépuscule des aigles de John Guillermin, 1966 [1914-1918],

Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg, 1998 [1939-1945]).

La ligne rougede Terrence Malick, 1998.

Indigènes de Rachid Bouchareb, 2006.

 

Sur le génocide :

Le pianiste, Roman Polanski.

Laurent Barcelo d’après éducsol